A quoi sert Noël ?
réponse du cardinal Philippe Barbarin
Qu’évoque Noël pour nous ? La naissance du Christ, les cadeaux, une fête familiale, les décorations des rues, des maisons ? Quelles que soient les images qui nous viennent à l’esprit, elles sont parfois recouvertes par la tumulte des commerces et par l’agitation. Et un peu étourdi, on se demande alors à quoi sert Noël ?
Une fête ne «sert» à rien. Elle n’est pas dans l’ordre de l’utilité ni de l’efficacité. La joie ne se décrète pas, elle se célèbre. Celle de Noël nous donne une espérance inimaginable : Dieu est venu dans la famille humaine. Il s’est fait l’un de nous. Face à l’absurdité de la solitude, du mal et de la mort, la Vie de Dieu s’est manifestée. « Dieu a visité son peuple », dit souvent l’Évangile. Si nous lui rendons gloire, la paix viendra, c’est le message des anges aux bergers de Bethléem. Mais si nous cherchons la Gloire ailleurs qu’en Dieu, alors ce sera la guerre. C’est ce qui se passe quand règnent le pétrole, l’argent, le pouvoir…
Noël, fête des petits et des pauvres
Noël est d’abord une fête pour les petits et pour les pauvres. Le Christ est né dans une étable, parce qu’il n’y avait plus de place pour lui nulle part. Et c’est d’abord aux bergers, c’est-à-dire aux plus pauvres, que la Bonne Nouvelle a été annoncée. C’est d’ailleurs une des prophéties que Jésus prendra le soin de commenter : « La bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». En ce sens, on comprend pourquoi Noël a perdu de sa saveur et de son sens dans nos sociétés occidentales et riches. A l’inverse, voyez à quel point cette fête rayonne avec plus de force auprès des « fragiles » de notre monde. Je l’avais constaté durant mon séjour à Madagascar. C’est vrai ici aussi : voilà pourquoi j’aime célébrer Noël auprès des prisonniers, des sans-abri, des malades, etc.
Mon plus beau souvenir de Noël
J’étais prêtre depuis huit jours en banlieue parisienne. Dans un bistrot de Paris transformé en chapelle, j’ai célébré le baptême d’une ancienne prostituée que j’avais accompagnée dans sa conversion. C’est un souvenir extraordinaire, émouvant et inoubliable. Je me souviens aussi d’une Messe à la cathédrale St Jean, en 2009, où j’avais renoncé à ma crosse pour porter un bébé, Madeleine, qui n’avait pas 15 jours. Je l’ai placée dans la crèche vivante. Quel mystère que la venue de Dieu ! Il a pris la forme d’un si petit bout d’homme, comme l’enfant que je portais dans mes bras, avec une immense joie.
Extraits de l’interview du cardinal Philippe Barbarin parue dans le journal Le Progrès, 24 décembre 2011.
Pourquoi fait-on des cadeaux A NOEL?
A l’heure où les grands magasins deviennent des temples de la consommation et nos rituels d’achats, une liturgie trop bien réglée, prenons le temps de réfléchir à la valeur et au sens que nous donnerons à nos échanges de cadeaux à l’occasion de Noël.
Pourquoi donner à Noël ?
Noël est la fête du don suprême : la naissance de Jésus. Par amour pour nous, Dieu envoie Son fils pour nous sauver. Mais pour autant, pourquoi nous offrir des cadeaux ? Sans doute parce qu’ils expriment de façon concrète cet amour que nous avons les uns pour les autres. Nous avons tous besoin d’attention et de tendresse. Or les cadeaux, qui ont été choisis avec amour, sont le signe de la reconnaissance que l’on porte à chacun et que l’on nous porte. Même si tout le monde n’y accorde pas la même importance ni la même attention – notamment en raison des différentes cultures familiales ou des différences d’âge – les cadeaux sont plus qu’un simple rituel : ils ont du sens. Dès le plus jeune âge, cela vaut la peine d’encourager les enfants à faire des cadeaux, pour leur donner le goût de faire plaisir et leur apprendre à faire attention à l’autre. Un cadeau peut être un moyen de dire « je t’aime », « je tiens à toi » ou encore « merci ».
Comment choisir un cadeau ?
Pas facile de trouver le juste cadeau, celui qui fera plaisir, tout en ayant du sens pour nous. Pour des parents, comment satisfaire un enfant tout en choisissant quelque chose d’éducatif qui lui convienne ? Le bon cadeau est sans doute celui qui permet au donateur de rejoindre l’attente de l’autre, tout en lui apportant quelque chose de lui-même – non pas pour trop le gâter ou susciter chez lui de la gratitude, mais pour lui faire vraiment plaisir et répondre à ses besoins ou envies.
Savoir recevoir
Savoir offrir, mais aussi savoir recevoir. Tout compte dans un cadeau : à lui seul, il a vraiment son langage. Certaines personnes ont du mal à accepter les cadeaux. Et il y a tout un art de les recevoir : ne pas en attendre trop, les laisser parler, les laisser dire l’amour dont ils sont porteurs. Cela suppose de les accueillir vraiment, de leur chercher une place d’où, de temps en temps, ils peuvent nous faire un petit clin d’œil. Et puis, par un mystérieux retour, nous sommes alors portés à penser à ceux qui nous les ont donnés.
Ouvrir son cœur à d’autres
La visite des rois mages ou des bergers dans la crèche met en perspective une scène de dons. La myrrhe, l’or et l’encens, ainsi que les agneaux offerts par des rois et bergers venus de tout horizon, d’ethnies différentes, de couches sociales distinctes, sacrent la puissance divine. C’est un acte qui unit. Par-delà ceux que nous aimons parce que ce sont nos proches, il y a aussi ceux que nous connaissons par nécessité. A ceux que nous croisons chaque jour, nous pouvons aussi faire un petit cadeau ou avoir un geste qui dise plus que ce qui est attendu. Il y a beaucoup de joie à faire un cadeau à des inconnus, à des frères et sœurs du bout du monde ou de plus près, que nous pouvons rejoindre notamment grâce aux associations de solidarité. Le cadeau, alors, est sans retour, mais pas sans effet, que ce soit pour celui qui reçoit ou pour celui qui donne.
Des cadeaux les uns pour les autres
Nous sommes tous appelés à être des cadeaux les uns pour les autres. Au-delà des dons matériels, profitons de la période de Noël pour retourner à l’essentiel, aux sentiments qui nous lient, à ce que nous pouvons être ou faire pour autrui. A tous et à chacun, joyeux Noël !
Véronique Fruchard, Diocèse de Paris
